Il n’y a pas que les femmes…
Par le Dr Stéphanie Cohen-Zarade
Mr F. se présente pour une volumineuse masse mammaire droite.
La mammographie montre une masse de 20 cm sous forme d’une opacité très dense comportant des calcifications au niveau de sa moitié supérieure et des contours mal définis en arrière. Il existe également plusieurs adénopathies axillaires (Figure 1).
L’échographie retrouve une masse à prédominance liquidienne avec plusieurs éléments tissulaires richement vascularisés au centre et en périphérie. Le liquide est partiellement échogène en rapport avec une composante hématique. Les ganglions axillaires présentent un cortex épaissi (Figure 2).
Le scanner thoraco-abomino-pelvien retrouve la lésion mammaire droite et les adénopathies axillaires, sans lésion secondaire (Figure 3).
Les hypothèses évoquées sont un carcinome mammaire ou un dermato-fibro-sarcome de Darrier-Ferrand.
Une microbiopsie sous échographie est réalisée et montre un carcinome canalaire infiltrant.
Le cancer du sein chez l’homme est une pathologie rare qui représente 1% des cancers mammaires et moins de 1% des cancers de l’homme.
Il existe une forte prédisposition génétique avec les mutations BRCA1/BRCA2 retrouvées dans 13% des cas, et PALB2 dans 1,2% des cas.
La présentation clinique est une masse palpable.
La glande mammaire chez l’homme arrête de se développer avant la différenciation en unité ducto-lobulaire. L’adénose, les adénofibromes et la mastose fibro-kystique sont extrêmement rares chez l’homme.
Le diagnostic différentiel du cancer est la gynécomastie qui constitue 85% des masses mammaires chez l’homme.
Les particularités par rapport à la femme sont un délai de diagnostic supérieur avec un stade plus avancé et un envahissement cutané ou musculaire fréquent.
Le carcinome canalaire infiltrant représente 90% des types histologiques versus 10% pour le carcinome canalaire in situ.
Il s’agit de sous-types RH+ dans 90% des cas avec un luminal A dans 75%.
Le traitement est la mastectomie avec les traitements adjuvants habituels. Pour l’hormonothérapie, le tamoxifène est plus utilisé que les antiaromatases.
Chez l’homme jeune, il faut impérativement compléter le bilan par une échographie testiculaire à la recherche d’une étiologie (cancer testiculaire).
Figure 1 : Mammographie oblique droite et gauche :
A droite : la masse de 20 cm apparaît sous forme d’une opacité très dense comportant des calcifications au niveau de sa moitié supérieure (flèche).
A gauche : Adipomastie banale.
Figure 2a
Figure 2b
Echographie mammaire bilatérale et axillaire
Figure 2a : La masse apparaît de forme mal définie, de contours irréguliers, isoéchogène hétérogène, avec des portions liquidiennes pures et hématiques (hyperéchogènes). Elle est très vascularisée au doppler couleur.
Figure 2b : Les ganglions du creux axillaire homolatéral apparaissent à cortex épaissi.
Figure 3 : Coupes axiales du scanner thoraco-abdomino-pelvien du bilan d’extension.
On retrouve la masse mixte et les adénopathies axillaires.