SOPHIA L., MANIPULATRICE RADIO
Sophia exerce depuis quatre ans comme manipulatrice en électroradiologie médicale à l’Institut de radiologie de Paris (IRP). Elle revient sur son parcours de formation et nous parle de son activité professionnelle au quotidien.
POUVEZ-VOUS NOUS DÉCRIRE VOTRE PARCOURS ?
J’ai 25 ans. Après un bac S, je me suis inscrite en PACES (Première année commune aux études de santé) à la faculté d’Angers. Après un échec au concours, j’ai décidé de participer à une réunion de réorientation où l’on a pu m’exposer différents profils métiers. Un professionnel nous a présenté celui de manipulateur en radiologie que je ne connaissais pas. J’ai trouvé cela intéressant donc j’ai fait mes recherches sur le métier et j’ai rapidement été conquise. J’ai donc suivi une formation de trois ans pour obtenir le diplôme d’État à l’Institut de formation des manipulateurs en électroradiologie médicale (IFMER).
Au cours de la 3e année, j’ai effectué mon stage à l’hôpital américain de Paris à Neuilly-sur-Seine. Cela m’a beaucoup plu mais il n’y avait pas de poste disponible à l’époque. On m’a donc recommandée auprès de l’IRP. Après un entretien, j’y ai été embauché en juillet 2017.
EN QUOI CONSISTE VOTRE ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE ?
Tout d’abord, je fais de la radiologie conventionnelle. Cela consiste à réaliser plusieurs types de radiographies sur différentes parties du corps (par exemple : cheville, bras, rachis, poumons, etc.) grâce à un appareil dédié.
En salle, nous travaillons seul. Nous installons le patient, lui posant des questions liées à l’indication de leur examen et nous lui demandons les contre-indications éventuelles. On procède à la réalisation des images selon différentes incidences et nous vérifions la qualité et les critères de réussite de nos clichés. Nous libérons ensuite le patient et nous transmettons les radiographies sur la console du au médecin radiologue qui posera son diagnostic et échangera par la suite avec le patient.
Je fais aussi de l’imagerie dentaire. Les examens que l’on retrouve sont les cone beams (imagerie 3D des dents et des sinus), les panoramiques dentaires, et les télécrânes. La procédure est identique à celle des radiographies standards, de même que les contre-indications, puisque l’on travaille avec des rayons X également.
Le scanner fait aussi partie de l’une des modalités que je pratique. Nous sommes le plus souvent accompagnés par un aide-manipulateur qui va installer le patient, recueillir un certain nombre d’informations (vérification de l’identité, symptomatologie, contre-indication, etc.). Le devoir du manipulateur est alors de vérifier à nouveau ces informations, d’installer le patient sur la table d’examen, de poser une perfusion au besoin (en respectant les règles d’hygiène et d’asepsie), de lui expliquer les conditions de l’examen et de veiller à son confort.
Ensuite, il y a la partie technique d’acquisition des images sur la console scanner.
Lorsque l’on réalise une injection, l’injecteur automatique de produit de contraste doit être bien réglé (débit, quantité de produit). Nous nous assurons également que les images à réaliser soient conformes à la prescription du patient et au protocole demandé par le radiologue, toujours en respectant le guide des bonnes pratiques. Pendant l’examen, nous surveillons le patient pour réagir vite si besoin (par exemple, il est rare d’en voir, mais il existe des allergies au produit de contraste).
Une fois les acquisitions d’images réalisées, il y a une vérification systématique par le manipulateur, s’il faut faire un complément ou une correction. Avec l’expérience, on apprend à anticiper les besoins du médecin radiologue afin de l’aider à poser un diagnostic précis.
Sur le plan technique, il faut être capable aussi d’opérer différents types d’équipements (scanner, appareil radio, logiciel informatique, échographe, etc.). Ces compétences techniques s’acquierent au cours de nos années de formation, pendant les stages, et ensuite sur notre lieu de travail.
La radioprotection est aussi une de nos préoccupations au quotidien. Tout d’abord, pour le patient, on doit s’assurer que les protocoles d’exposition sont respectés pour limiter les doses de rayons X. Par exemple, en cas de grossesse, on ne fera un examen que s’il y a urgence absolue et si le diagnostic ne peut pas être apportée par une technique non irradiante. Nous disposons aussi de protocoles spécifiques sur les consoles scanner pour limiter les doses d’exposition pour les patients.
En ce qui concerne notre propre protection au quotidien, nous sommes équipés d’un dosimètre passif que l’on porte sur notre blouse, il permet de mesurer la dose de rayons que nous sommes susceptibles de recevoir par trimestre. Et, bien sûr, on bénéficie de matériaux de sécurité (paravents plombés, tabliers et gants plombés).
Les portes sont également plombées et lorsqu’une émission de rayons X est effectuée à l’intérieur d’une salle, un voyant lumineux situé à l’extérieur de la salle nous l’indique.
Ces moyens de protection sont importants mais il faut savoir que les doses reçues sont quasi nulles, grâce aux équipements radiologiques de dernière génération dont nous disposons à l’IRP.
QUELLES SONT LES QUALITÉS REQUISES, SELON VOUS, POUR EXERCER CE MÉTIER ?
Selon moi, la première chose c’est d’avoir un bon relationnel, il faut expliquer clairement ce que l’on fait avec des mots simples. Ce sont des examens qui peuvent être anxiogènes donc il faut établir un climat de confiance et garder un contact chaleureux.
Ensuite, certaines tâches nécessitent une rapidité d’exécution, il faut être efficace car le rythme peut-être assez soutenu. De plus, dans certaines situations il faut savoir réagir vite (gestes d’urgence).
La maîtrise de la partie technique est toute aussi importante. Une utilisation « intelligente » de la machine s’impose. En effet, nous avons des responsabilités et des répercussions importantes peuvent découler de nos décisions techniques.
Cela va de pair avec une forte capacité d’adaptation car les équipements évoluent. On se forme donc en permanence. Lorsqu’un nouveau scanner est mis en service, des ingénieurs d’application du fabricant viennent nous aider à nous former sur les nouvelles machines.
Il faut aimer travailler en équipe, c’est primordial. On est constamment en contact avec les secrétaires et les médecins pour communiquer sur un dossier patient. De même, on s’entraide entre nous.
Enfin, je dirais qu’il faut savoir être curieux, se mettre à jour et aussi prendre des initiatives. Le métier de manipulateur est riche mais c’est important d’aller plus loin et de voir ce qui peut aider à améliorer le fonctionnement du cabinet dans son ensemble.
AVEZ-VOUS UN EXEMPLE D’INITIATIVE PRISE DANS CET ESPRIT ?
Je me suis rendu compte que nous n’avions pas vraiment de quoi bien accueillir les six élèves stagiaires que nous recevons chaque année dans notre centre. J’ai donc proposé de faire du tutorat d’élèves stagiaires. J’ai rédigé un livret d’accueil pour les étudiants manipulateurs, avec un petit questionnaire récapitulatif. Les élèves stagiaires disposent chez nous désormais d’un parcours bien établi, avec un planning détaillé et en suivi régulier. À la fin, nous leur préparons un bilan de leur stage et une analyse pratique. J’attache une grande importance à la transmission du savoir et du savoir-faire.
Au quotidien, des radiologues, manipulateurs et secrétaires ont des rôles spécifiques (référents, responsable qualité, sécurité…) en dehors de leur activité principale et c’est important de se sentir impliqué et investi dans d’autres domaines. D’autres font partie de comités ciblés afin d‘améliorer le workflow et la vie au sein du cabinet.
Pour plus d’informations sur le métier de manipulateur radio, veuillez consulter notre fiche métier ici.